4 octobre 2022 Constance Marechal-Dereu

Tribune d’Anne-Marie Idrac dans Les Echos : Pour une logistique verte !

Août 2022 : Dans sa tribune intitulée « Pour une logistique verte ! » et publiée par les Echos, Anne-Marie Idrac indique « Verdir les chaînes logistiques, stockages et transports, est un beau projet collectif. Il implique de nombreux acteurs publics et privés. C’est compliqué, mais les professionnels y sont engagés. »

Les services logistiques et de transports de marchandises sont, entre autres, au cœur des enjeux collectifs de réduction des impacts environnementaux et énergétiques. Les outils pour y parvenir sont peu ou prou les mêmes que pour la mobilité des personnes : promouvoir la sobriété, réduire les distances, massifier, changer les motorisations, utiliser les technologies numériques…

Les choses sont toutefois plus complexes pour les marchandises : pas de télétravail pour modérer la demande, et souvent plusieurs étapes, le long de chaînes allant du global au local.

Les pistes de sobriété logistique :

Diverses tendances renforcent le caractère stratégique de ces activités et font prévoir l’intensification logistique et son développement, à niveau de croissance donné : la réindustrialisation, la résilience de nos supply chains dans une vision de souveraineté, la modernisation des commerces, l’économie circulaire et les circuits courts… Tout cela conduit à intégrer encore davantage les équations économiques et environnementales : à la fois la fiabilité des approvisionnements et l’optimisation des km, m3, m2 utilisés.

La sobriété logistique relève d’abord du dialogue entre les clients et les opérateurs logistiques : le « juste à temps » peut être repensé, certaines commandes regroupées ou mutualisées, les modes massifiés davantage utilisés, les livraisons et retours comme le remplissage des véhicules et des entrepôts améliorés par le numérique, les emballages rendus moins volumineux et plus légers…

De nombreuses initiatives et innovations technologiques ou d’organisation sont engagées, certaines avec les soutiens des programmes France 2030 comme « Logistique 4.0 » ou CEE – dont Interlud visant la durabilité des logistiques urbaines. Quant aux coûts de transports, notamment les plus écologiques, nul doute qu’ils devraient être mieux pris en compte dans les prix.

Une double planification écologique s’impose désormais :

  • Un bon maillage territorial

Elle est d’abord territoriale pour réduire les distances et favoriser la massification. Deux priorités sont classiques : la desserte terrestre de nos ports moins bien connectés à leurs hinterlands que leurs concurrents ; l’amélioration de la disponibilité pour le fret des sillons ferroviaires, avec les équipements d’intermodalité pour le transport combiné -incluant la voie d’eau.

Moins connu est le sujet majeur du bon maillage des lieux d’entreposages : des schémas régionaux aux documents d’urbanisme locaux, il importe de pouvoir réserver des surfaces proches des lieux de production et de consommation, au bénéfice de la réduction des distances de transport et de l’efficacité opérationnelle.

  • La voie de l’électrification

Le second volet de planification concerne les motorisations, au premier chef pour le transport routier qui restera majoritaire à quelque 75 % : il s’agit de donner autant de visibilité que possible sur les trajectoires technico-économiques de décarbonation.

À ce stade, la seule chose à peu près claire est que l’électrification est l’avenir pour les petits volumes et faibles distances. Sous les réserves importantes de la disponibilité des véhicules, des raccordements et de l’énergie. La mise en place des ZFE peut être l’occasion de programmer et financer cela – autant que possible de manière harmonisée.

Pour les poids lourds, la task force initiée par le gouvernement précédent et les premiers travaux sur la stratégie sectorielle bas carbone font apparaître de nombreuses incertitudes : aucune technologie n’est mûre, a fortiori à l’échelle de quelques dizaines de milliers d’immatriculations par an, le secteur devra partager avec d’autres les ressources en énergies « vertes » .

Un nécessaire accompagnement politique :

Il en ressort globalement que l’avenir du transport routier de marchandises sera multi-énergies, coûteux pour tous, et qu’il faudra beaucoup de temps pour assurer les transformations industrielles impliquant constructeurs, énergéticiens, et transporteurs. Un accompagnement politique et économique cohérent avec les évolutions européennes, et attentionné à l’égard des acteurs, est le gage du succès d’une stratégie ambitieuse et réaliste

Verdir les chaînes logistiques, stockages et transports, est un beau projet collectif. Il implique de nombreux acteurs publics et privés. C’est compliqué, mais les professionnels y sont engagés.

Retrouvez la tribune sur le site Les Echos

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