16 janvier 2024 Constance Marechal-Dereu

Compte-rendu de la journée « Quelle planification écologique pour la filière transports et logistique » (novembre 2023)

Janvier 2024 : France Logistique publie un compte-rendu de la deuxième édition de la Journée de la filière transports de marchandises et logistique, qui se tenait le 9 novembre 2023 à l’Assemblée nationale. Sur le thème de la planification écologique, cette journée a rassemblé plus de 200 participants : professionnels, décideurs publics, journalistes, chercheurs… Cette journée a favorisé les échanges entre les acteurs afin d’avoir une vision d’ensemble des enjeux liés à la filière. Anne-Marie Idrac et l’équipe de France Logistique remercient l’ensemble des intervenants.

« Le thème des tables rondes de cette journée confirme que les  objectifs et les actions que nous nous sommes fixés collectivement sont les bons. » a déclaré le ministre des Transports, Clément Beaune.

« Les enjeux de la filière logistique sont similaires à ceux des filières industrielles, qu’il s’agisse des entrepôts, du besoin de foncier accessible à l’instar des usines ou des transports, avec le défi majeur de la décarbonation. L’industrie a besoin de logistique. » a déclaré le ministre de l’Industrie, Roland Lescure.

Télécharger le compte-rendu des échanges

 

Extraits du compte-rendu ci-dessous.

Introduction

Anne-Marie Idrac, Présidente de France Logistique, a souligné l’importance d’adopter une approche ouverte, globale et systémique pour relever les défis du secteur, notamment ceux de la décarbonation. L’objectif de cette deuxième édition de la Journée de la filière transports de marchandises et logistique est de rassembler des professionnels de tous les modes de transports, des services logistiques, des clients, des experts académiques et des représentants des pouvoirs publics dans le but de développer un véritable dialogue et d’obtenir une vision d’ensemble des enjeux de la filière.

Bruno Millienne, Député et Vice-Président de la Commission Développement durable et de l’Aménagement du Territoire, a rappelé que le potentiel du secteur en matière de sobriété était immense et que ce dialogue devait être toujours plus fécond à tous les niveaux afin qu’à l’échelle nationale, régionale et locale, chacun contribue à améliorer l’organisation des flux logistiques et, par conséquent, la performance environnementale du secteur. Pour repenser les flux logistiques et construire une filière plus performante et respectueuse de l’environnement, le partenariat public-privé doit donc encore s’intensifier.

Première table ronde : « Les évolutions de la demande de transports »

Marie Lebec, Députée des Yvelines et Vice-présidente du Groupe Renaissance à l‘Assemblée nationale, rappelle que la filière logistique revêt une importance majeure pour l’économie, l’industrie et pour l’attractivité française. Elle plaide ainsi en faveur d’une organisation plus harmonieuse pour réussir le défi de la décarbonation du secteur.

Noémie Chocat, Directrice de la Stratégie du groupe Saint-Gobain, démontre que la circularité, surtout au niveau local, offre de nombreuses opportunités pour la France et qu’un cadre réglementaire national demeure nécessaire pour des entreprises comme Saint-Gobain afin de définir les grandes orientations à prendre.

Liem Hazoumé, Directeur des achats de transports du groupe ArcelorMittal Europe, évoque les questions de la mutualisation des besoins, du développement d’infrastructures logistiques compétitives et de la relance du fret ferroviaire.

Thierry Pech, Directeur général du think tank Terra Nova, rappelle que l’évolution de la demande de transport va de pair avec les mutations sociétales. Cela se traduira dans les années à venir par le développement encore plus accru de l’économie circulaire, le changement des logiques d’étalement urbain, la raréfaction du foncier…

Intervention du ministre

Roland Lescure, Ministre délégué chargé de l’Industrie, souligne la place essentielle de la logistique pour le secteur de l’Industrie. À cette occasion, il rappelle que la loi relative à l’industrie verte contient des dispositions favorisant la simplification administrative et l’accélération des procédures. Ces mesures devraient impacter autant les sites de logistique que les implantations industrielles, avec un focus sur la décarbonation, défi majeur pour le secteur. En matière de foncier, il annonce le lancement de 50 sites clés en main, couvrant environ 2000 hectares pour répondre à 10% des besoins en nouveau foncier. Pour 2024, une augmentation du budget pour l’acquisition de poids lourds électriques est prévue, soulignant l’engagement en faveur d’un transport plus durable.

Deuxième table ronde : « La planification des espaces logistiques »

Yannick Buisson, Directeur Expérience Clients, Développement Durable, Business Solutions & Technologies chez FM Logistic, met en avant l’importance de percevoir la logistique comme un atout territorial et encourage les acteurs de la filière à ne pas la considérer comme un secteur statique, car ses besoins évoluent en permanence. Il aborde également la question de l’acceptabilité sociale des infrastructures logistiques et des entrepôts près des populations et des points de consommation.

Charles Fournier, Député et rapporteur de la mission d’information sur le déploiement des entrepôts XXL, souligne la nécessité de s’interroger non seulement sur nos réels besoins, mais aussi sur notre capacité à les soutenir. Il ajoute qu’une planification efficace passe par des données logistiques précises et régulièrement mises à jour, une approche collective, mutualisée, ascendante comme descendante et par l’harmonisation des incitations fiscales. 

Estelle Hassen, Directrice Environnement pour la société AConstruct, rappelle que l’entrepôt contribue aujourd’hui au développement du territoire : il ne doit donc plus être envisagé exclusivement comme une externalité négative. Pour aller dans ce sens, il faut développer des entrepôts vertueux.

Thomas San Marco, Président de MedlinkPorts et Délégué général de la Compagnie Nationale du Rhône, met en avant le besoin de privilégier des transports massifiés par le rail et le fluvial sur le transport routier et de repenser leur articulation. Il mentionne également les défis auxquels les professionnels de la filière peuvent être confrontés pour s’adapter aux évolutions des usages du foncier, tels que les obstacles réglementaires.

Francis Vercamer, Maire de Hem et Vice-président de la métropole Européenne de Lille, rappelle la nécessité de trouver de bons interlocuteurs, d’être transparent et de clarifier les termes utilisés pour faire en sorte de recueillir l’acceptation des riverains et des partenaires et ainsi assurer les besoins en approvisionnement et en livraison en bonne intelligence avec la population.

Grand témoignage 

Antoine Pellion, Secrétaire général à la planification écologique, explique qu’en ce qui concerne la décarbonation de la filière du transport de marchandises et de la logistique, l’électrification des véhicules et l’affectation de nouveaux (bio)carburants doivent être au cœur des discussions pour une transition réussie.

« Nous cherchons à créer une voie équilibrée intégrant la réduction des émissions, l’adaptation au changement climatique et la préservation des ressources naturelles, tout en soutenant l’activité économique du pays. »

Intervention du ministre

Clément Beaune, Ministre délégué chargé des Transports, rappelle les initiatives énergétiques en cours, notamment avec le lancement en 2023 d’un appel à projet pour l’électrification des véhicules, doté de 60 millions d’euros dont 55 millions spécifiquement alloués au transport routier de marchandises. Il met également en avant les efforts visant à clarifier les conditions d’accès aux zones à faibles émissions (ZFE), ainsi que les collaborations engagées avec les différentes filières pour répondre à leurs besoins de transport de marchandises dans un contexte d’économie décarbonée et de réindustrialisation.

Il réaffirme sa volonté de convoquer le Comité Interministériel de la Logistique pour écouter les attentes émanant de cet événement, dresser le bilan des réalisations collaboratives depuis le début de l’année 2023 et définir les chantiers prioritaires pour 2024.

Troisième table ronde : « La transition énergétique des transports dans le temps »

Pierre de Firmas, Directeur Mobilité Electrique chez Enedis, met en avant la nécessité d’évaluer précisément les besoins en infrastructure de recharge des camions électriques afin de préparer le réseau à la demande énergétique et de puissance prévue pour 2035 et 2050.

Noémie Feldbauer, Directrice de la Transition Energétique du groupe Heppner, a établi une comparaison entre le coût actuel d’un véhicule électrique et celui d’un camion diesel, démontrant un surcoût trois fois plus élevé pour les véhicules électriques. Elle plaide également en faveur de la simplification des mécanismes de subvention en France et propose la mise en place d’incitations pour les entreprises les plus écologiques.

 Gautier Chatelus, Directeur adjoint infrastructures et mobilité à la Banque des Territoires, explique que les transports de 2050 demeurent encore incertains malgré les avancées actuelles et préconise d’accompagner le début de cette transition énergétique avec des subventions plus simples.

Olivier Storch, DCEO – Finance, Transformation, Support Services chez CEVA Logistics, précise que le secteur devra anticiper de nouvelles contraintes liées à la transition énergétique et aux évolutions réglementaires. Il met également en évidence le fait que les petites entreprises de transport ne pourront pas s’adapter seules aux motorisations plus respectueuses de l’environnement, soulignant la nécessité d’un soutien et d’aide.

Laurent Galle, Président du Groupe Noblet, mentionne les coûts croissants de l’électricité, la limitation de l’autonomie des camions électriques et la réticence des acteurs du secteur face à cette transition. Il réitère également la nécessité d’atteindre un mix énergétique en exploitant de nouvelles options comme le bio-diesel ou le biogaz par exemple.

Grand témoignage

Patrick Martin, Président du Mouvement des entreprises de France, souligne la nécessité de sensibiliser les décideurs publics, politiques et administratifs au poids, au rôle et à l’importance de cette filière du transports de marchandises et de la logistique, en mettant en avant le besoin d’avoir des arbitrages collectifs éclairés en la matière. Les questions de compétences, d’emploi, de numérisation, d’aménagement des territoires et de décarbonation ont également été évoquées pour mettre en avant les nombreux défis auxquels la filière fait face.

« Notre responsabilité collective est de travailler ensemble pour que tous les acteurs puissent connaître ces enjeux, ces problématiques, ces défis pour mieux coordonner nos actions et mieux faire valoir nos intérêts. »

Quatrième table ronde : « L’exemple de la logistique urbaine »

Anne-Marie Jean, Vice-Présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, introduit succinctement le rapport élaboré en collaboration avec Anne-Marie Idrac, destiné au Gouvernement et proposant des recommandations pour une logistique urbaine durable.

Agnès Grangé, Directrice générale adjointe de Geopost, identifie les cinq principaux défis auxquels son groupe doit faire face : les coûts de la logistique urbaine et de sa décarbonation, la massification, la décarbonation, les contraintes réglementaires, et la coordination entre les niveaux national et territorial pour l’élaboration des politiques publiques.

François Dagnaud, Maire du 19ème arrondissement de Paris et Président de Sogaris, partage les difficultés liées à la rareté du foncier, à l’acceptabilité par les riverains des sites logistiques en zone dense et aux contraintes réglementaires et législatives. Néanmoins, il présente les objectifs de Sogaris qui s’efforce de créer des équipements modulables, hybrides et adaptables pour concilier divers usagers et besoins urbains.

Franck Dhersin, Sénateur du Nord et Conseiller régional des Hauts-de-France, souligne la nécessité d’une meilleure organisation logistique et d’une gestion adaptée des aires de livraison et des stationnements afin de fluidier la circulation et de faciliter le travail des livreurs.

Philippe Barbier, Président de la Confédération des Grossistes de France, rappelle les quatre principales attentes formulées par les comités de liaison des collectivités et des acteurs privés auprès du ministre Clément Beaune : les ZFE, le mix énergétique, l’évolution réglementaire des aires de livraison et la question du foncier.

Conclusion

Anne-Marie Idrac conclut en indiquant que cette journée a permis de démontrer l’engagement clair du secteur envers la décarbonation et que la méthode de travail collectif entre les acteurs est la bonne. Elle rappelle à cette occasion que les incertitudes actuelles laissent de la place à de l’innovation organisationnelle et à de nouvelles relations entre acteurs, publics comme privés.

 

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