Juin 2025 – Libre-échange : où en sommes-nous ? C’est la question à laquelle répond Anne-Marie Idrac, en analysant le rôle joué par la logistique.
La présidente de France Logistique signe un article dans le numéro de juin 2025 de Sociétal, la revue de l’institut de l’entreprise, aux cotés de Pascal Lamy, Clarisse Magnin, François de Saint-Pierre, Marie-Christine Lombard et Hubert Védrine.
« La logistique : un pilier stratégique essentiel de l’économie mondiale »
Dans son article, Anne-Marie Idrac analyse la logistique comme un révélateur des réalités économiques et stratégiques du commerce mondial. Elle montre d’abord que les « géographies logistiques sont les reflets des politiques commerciales ». Le transport maritime est essentiel au commerce mondial, transportant « 90% des marchandises échangées dans le monde en volume, et 80% en valeur ». La carte de ces flux illustre l’importance des grandes routes maritimes mondialisées, la place dominante de l’Asie, et l’émergence de plateformes comme Tanger-Med.
Elle aborde ensuite les risques géopolitiques qui pèsent sur la chaîne logistique mondiale, ses infrastructures étant de plus en plus exposées aux aléas, comme le blocage du canal de Suez pour un navire échoué en 2021.
La logistique devient également l’objet de « récits politiques concurrents ». Anne-Marie Idrac évoque des politiques « hostiles » au développement de la logistique en France, inspirées par des motifs environnementaux ou d’hostilité au libre commerce. Elle cite aussi l’exemple de Donald Trump, qui a intégré la logistique dans sa stratégie protectionniste et transactionnelle, faisant d’elle un instrument de pression commerciale.
Pour faire face à ces défis, elle identifie deux grands enjeux : le numérique et le climat. Le secteur reste très peu digitalisé, avec seulement 1 % de procédures totalement dématérialisées ; il est donc urgent de promouvoir sa digitalisation ainsi que l’intégration de l’intelligence artificielle dans les chaines logistiques. Sur le plan environnemental, elle insiste sur la nécessité de massifier et de faire évoluer les motorisations (verdir et électrifier). Elle rappelle également l’importance de responsabiliser tous les acteurs de la chaîne, y compris les consommateurs.
Elle conclut que « le libre-échange et la performance logistique partagent des objectifs communs » : pouvoir d’achat, efficacité, équité, durabilité.